Réunion de travail consacrée au secteur du commerce, approvisionnement et stabilité des prix : les experts s’expriment
- Création : 31 août 2025

Le président de la République a présidé, jeudi dernier, une réunion de travail de grande importance consacrée au secteur du commerce et au renforcement des mécanismes de régulation du marché national. Abdelmadjid Tebboune a insisté, à cette occasion, sur la vigilance dans l’approvisionnement du marché national en produits de large consommation, et sur la lutte rigoureuse contre la fraude et la spéculation.
Ces orientations présidentielles, qui interviennent à la veille de la rentrée sociale, soulèvent une problématique centrale : comment assurer de façon durable l’approvisionnement régulier du marché et la stabilité des prix, dans un contexte marqué par des tensions sur plusieurs produits de consommation courante ? Pour le Pr Brahim Guendouzi, économiste, la question récurrente de l’approvisionnement régulier du marché et la stabilité des prix est à l’ordre du jour, et ce, à la veille de la rentrée sociale. «Les plus hautes autorités du pays veillent à ce que les pénuries qui touchent plusieurs produits de consommation courante soient carrément jugulées», a-t-il analysé. En effet, il souligne qu’«une vision proactive est nécessaire en matière de régulation de la sphère commerciale afin d’anticiper les évolutions en matière d’approvisionnement et de gestion des stocks».
cette perspective, il insiste sur le rôle décisif de la mobilisation de l’ensemble des opérateurs économiques et des apports de la numérisation, «qui doivent en principe permettre une meilleure maîtrise de l’offre des produits de large consommation sur le marché national».
«La régulation, l’affaire de tous»
La question des importations demeure également un facteur déterminant, ajoute l’expert, pour «éviter les ruptures dans la chaîne des approvisionnements et renforcer la résilience du marché intérieur». Dans le même esprit d’analyse, le Dr Nouad Mokrane, économiste, spécialiste des questions agricoles, a livré une lecture approfondie de cette réunion, mettant en exergue la vigilance, la rigueur et la sécurité alimentaire comme leviers essentiels de la régulation du marché. «Pour garantir un approvisionnement régulier en produits de large consommation et éviter toute perturbation, le chef de l’État a donné des instructions précises. Il a insisté sur la nécessité de combattre la spéculation et de protéger le pouvoir d’achat des Algériens avec une application rigoureuse de la réglementation en vigueur», souligne-t-il d’emblée. Selon lui, «les politiques publiques pour assurer la sécurité alimentaire sont pesantes et leur niveau d’intervention est énorme pour maintenir le pouvoir d’achat des citoyens.
La fonction régalienne de l’État dans le suivi-évaluation n’a pas évolué en adéquation avec l’effort consenti dans l’approvisionnement régulier en produits de base et l’évolution des prix et des stocks. Cela a engendré des menaces liées au gaspillage, à la spéculation et au marché transfrontalier des produits subventionnés qui pèsent lourdement sur le budget national. Cela dit, il estime que le terme «vigilance» utilisé par le chef de l’État a une portée très «significative». Abordant la dimension structurelle, Dr Mokrane estime que «certes, le marché est une affaire de commerce, mais le facteur limitant aujourd’hui est ailleurs et concerne le secteur productif. L’appréciation d’un secteur repose sur une équation simple, l’offre et la demande, qui constitue en fin de compte la régulation du marché. Pour asseoir une base pérenne, une forte coordination intersectorielle est indispensable, associant production, transformation, distribution, secteur financier, logistique et cadre légal».
La transformation, le maillon faible
Sur le plan agricole, il insiste : «Le foncier agricole a pour fonction de nourrir la population et d’assurer la sécurité alimentaire. L’État est garant de cette mission et doit veiller à ce que tout le potentiel productif soit opérationnel selon les exigences des systèmes agraires et des systèmes de production avec une stratification agro-écologique durable. Cela permettra de stimuler la production nationale, compétitive et de qualité, afin de satisfaire les besoins locaux et, au-delà, générer des excédents pour l’exportation.»
Le maillon faible reste cependant la transformation : «Malgré sa forte présence, elle ne valorise que 10 % de la production nationale, contre 50 % en Afrique et plus de 80 % dans les pays développés. Or, les industries agroalimentaires sont partout la locomotive du secteur agricole. Chez nous, elles sont déconnectées. Compte tenu du potentiel existant, nous aurions besoin d’un million d’unités de transformation, contre à peine 30 000 aujourd’hui. La régulation du marché est étroitement liée aux chaînes de valeur que peut créer la transformation. La marge de progrès est énorme et une stratégie de développement de la filière, élaborée il y a une décennie, doit être actualisée.» Le constat est tout aussi critique sur la distribution : «C’est le point noir actuel. Beaucoup reste à faire pour promouvoir la grande distribution, qui joue un rôle central dans le développement agricole et agro-industriel à travers le monde.» Concernant le volet légal, il plaide pour «la mise en place urgente d’une loi sur la régulation du marché et la protection du pouvoir d’achat, avec ses textes d’application, mais dans le cadre d’un consensus associant tous les acteurs économiques». Enfin, Dr Nouad Mokrane insiste sur la responsabilité partagée : «La contribution des opérateurs économiques est essentielle. Leur organisation, en amont et en aval des filières, est une condition de réussite.
L’expérience des comités de filières mis en place dans le cadre du partenariat public-privé, avec des contrats liant les opérateurs aux pouvoirs publics, reste d’actualité. Sa relance contribuerait efficacement à l’application des orientations du chef de l’État. La régulation est une affaire de tous et la coordination de l’État demeure.
Source:https://www.elmoudjahid.dz/